Karachi correspondance
L'entrée de la madrasa Jamia Binoria, située dans la zone industrielle de Karachi, est protégée par de nombreuses caméras vidéo, sécurité oblige. Dans une petite salle, mufti Naeem, fondateur de l'école, accueille les visiteurs. «Merci de venir nous voir en ces temps troublés», déclare-t-il dans sa barbe poivre et sel, assis en tailleur sur un tapis.
Depuis 2002, le gouvernement pakistanais tente d'imposer une réforme aux dizaines de milliers d'écoles coraniques du pays. Les madrasas sont, en théorie, dans l'obligation de s'enregistrer et de déclarer la provenance de leurs fonds. Les attentats de Londres, en juillet, ont été l'occasion pour le gouvernement de relancer cette politique jusqu'alors infructueuse. Trois des kamikazes, Britanniques d'origine pakistanaise, auraient en effet séjourné au Pakistan au cours de l'année, et au moins l'un d'entre eux aurait fréquenté quelque temps l'une de ces écoles. Même si rien n'a encore été prouvé sur ces séjours et sur leur rôle éventuel dans les attentats, les madrasas sont désormais dans l'obligation d'ici au 31 décembre de s'enregistrer et de ne plus accueillir d'étudiants étrangers, qui seraient officiellement plus de 1 400 à étudier au Pakistan.
Une catastrophe pour mufti Naeem, dont la madrasa accueillait plus de 200 étrangers, ce qui lui donne un certain prestige. Ces étudiants en provenance des Etats-Unis, d'Europe, d'Afrique mais surtout d'Asie sont ici des hôtes payants, contrairement aux 3 000 élèv