Gaza envoyé spécial
Rues dépeuplées, écoles désertées, la ville de Gaza a pris des allures estivales. Depuis le retrait israélien, les bureaux restent vides, les ateliers tournent au ralenti, même les boutiques ne sont ouvertes que par intermittence. Employés, cadres ou patrons, tous se sont mis aux abonnés absents. Personne n'entend rater l'événement et chacun fête à sa façon le départ de l'occupant. Les plus pauvres ont envahi les colonies abandonnées pour fouiller dans les amas de débris. Ferrailleurs improvisés, ils chargent leurs charrettes de tous les matériaux de construction réutilisables dans les camps de réfugiés. Les plus aisés ont envahi les plages vierges qui bordent la Méditerranée.
Brèche. L'ambiance reste partout bon enfant, mais aucune force de police ne pourrait résister à cette marée humaine qui a décidé d'occuper, à sa façon, l'ensemble de l'espace qu'elle estime avoir contribué à libérer par sa patience et ses sacrifices. A Rafah, la population s'est jetée sur la barrière de sécurité qui interdisait l'accès à l'Egypte. Alors que l'Autorité palestinienne et le gouvernement israélien négociaient depuis des semaines sur les conditions d'ouverture des frontières, les gens ont simplement ouvert une large brèche dans la clôture en béton et un flot continu de badauds va et vient entre les deux parties de la ville divisée après l'évacuation du Sinaï par Israël en 1982. Tout à la fois passifs et débordés, les soldats égyptiens ont décidé de laisser faire.
La nouvell