L'Irak n'est pas au bord de la guerre civile, mais en plein dedans. C'est ce qu'a reconnu hier le président irakien, Jalal Talabani, à la tribune de l'ONU en avouant avoir «désespérément» besoin de l'aide de la communauté internationale pour faire face à la «campagne terroriste des plus brutales» qui ensanglante son pays. Après les 11 attentats-suicides et les 150 morts de mercredi, trois nouveaux attentats à la voiture piégée ont tué au moins 23 personnes, hier à Bagdad. Dans un message audio, le chef d'Al-Qaeda en Mésopotamie, le Jordanien Abou Moussab al-Zarqaoui, a lancé un appel à la «guerre totale» contre les chiites, qu'il accuse de collaborer avec l'occupant américain et de participer à l'assaut meurtrier sur le bastion sunnite de Tall Afar, dans le nord-ouest du pays, près de la Syrie.
De fait, l'Irak est plongé dans une sale guerre. Si les observateurs soulignent généralement la retenue de la communauté chiite, qui obéirait aux appels au calme de l'ayatollah Ali Sistani, leur principale autorité spirituelle, on a tendance à oublier que les milices chiites à commencer par les brigades Badr sont actives sur le terrain, allant jusqu'à noyauter l'armée gouvernementale. Si la plupart des rebelles ont échappé à l'offensive américano-irakienne contre Tall Afar, c'est surtout la population sunnite de la ville qui a souffert, comme l'an dernier à Fallouja. A l'opposé, les attentats-suicides visent les civils chiites : mercredi, l'attaque la plus meurtrière a tué plus de