Louisiane envoyé spécial
Sur les murs, un canevas brodé main interroge : «A combien d'ici est le paradis ?» La question arrache un maigre sourire à Lilly Schaffer, «aussi dévastée que La Nouvelle-Orléans». Lilly, 70 ans, veut croire qu'il ne s'agit pas que d'un «cauchemar». Perdue dans un centre catholique décati, où dorment des «évacués», elle a «atterri» à Gramercy, à 50 kilomètres de sa cité ensevelie, comme «Pompéi», dit-elle. Gramercy, bourgade aux pelouses tondues court et à l'épicier aux regards hostiles. Lilly Schaffer, elle, a «échappé au pire» en embarquant ses quatre petits enfants, et ignore toujours où sont ses deux fils. Elle est noire, comme les quarante familles hébergées, comme le vieillard à ses côtés, qui ne dira qu'un mot : «Honte». Elle raconte sa vie «d'avant», ses 500 dollars mensuels, sa «souffrance» pour boucler les fins de mois, son évacuation alors qu'elle avait de l'eau jusqu'au cou. Elle «garde en elle» les «images des Noirs cloîtrés comme des bêtes pendant quatre jours». Puis parle de «l'héritage», les discriminations. «Raciale et sociale» : «Tout cela est mélangé depuis longtemps.»
«Assistés comme en France»
Dans son dos, Seth, un Blanc qui «gère» le centre, grimace. C'est un gars du coin, qui fait du business dans les piscines et qui s'est battu pour que les «enfants noirs réfugiés» aillent à l'école. Ce «catholique» qui tend la main à «ses prochains», croit «au bon samaritain». Mais il prévient : «Le problème de ces gens-là, c'est qu'ils sont as