Gardez (sud-est de l'Afghanistan) envoyé spécial
La guerre contre les talibans est une longue chasse aux fantômes. Ils surgissent, frappent, s'évanouissent, profitant d'une frontière ouverte, de refuges sûrs au Pakistan, de l'entrelacs des vallées et de multiples complicités tribales. A Gardez, la très poussiéreuse capitale de la remuante province du Paktya, à trois heures de route de Kaboul, l'armée et la police sont partout. Cependant, la campagne électorale s'y est déroulée paisiblement. Envahie d'affiches, la petite ville a été, trois semaines durant, sillonnées par les voitures des 83 candidats, dont les haut-parleurs mitraillaient de décibels les chalands. Mirza, pharmacien sur la place principale, se dit «très heureux» des législatives d'hier. «J'espère qu'elles vont permettre à la reconstruction de démarrer et nous donner une vie meilleure», ajoute-t-il sans conviction. La sécurité ? «Bonne. On peut se déplacer dans toute la province.»
Mais le cordonnier, lui, ne voit pas l'avenir en rose. «Quelle reconstruction ? Qu'est-ce qui a changé ici (depuis la fin des talibans, ndlr) ? Toujours pas de travail. Aucune rue n'a été goudronnée. Regardez-moi cette poussière, on a toujours le nez dedans.» Un passant intervient : «Où est passé l'argent des pays occidentaux ? Dans la poche de ceux qui étaient déjà riches, les gens du gouvernement.»
A Gardez, la popularité du président Hamid Karzaï et de son cabinet est en chute libre. On lui reproche la corruption de ses proches et de «