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Libération

La Tchétchénie empêtrée dans les rapts et les rachats

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Le 14 septembre, huit hommes ont encore été enlevés par des milices prorusses. Leurs familles tentent de les sauver en payant la rançon.
publié le 20 septembre 2005 à 3h45

Novye Atagui envoyée spéciale

Blotties dans la cour de la mosquée de Novye Atagui, petit village tchétchène à une vingtaine de kilomètres au sud de Grozny, une vingtaine de femmes à bout de nerfs pleurent et implorent, sans plus savoir à qui adresser leur désespoir. Toutes racontent à peu près la même histoire : dans la nuit du 13 au 14 septembre, des hommes en tenues de camouflage, apparus à bord de voitures civiles, certaines portant des plaques différentes à l'avant et à l'arrière, ont fait irruption dans leurs maisons et enlevé huit de leurs hommes, fils, maris ou frères. «Ils sont entrés et m'ont seulement demandé, en tchétchène : "Est-ce que vous avez des hommes ici ?"» raconte l'une d'elles, qui tremble depuis pour son fils Islam, âgé de 18 ans. «Je leur ai dit: "Si tu as une mère toi-même, dis-moi seulement ce que mon fils a fait." Ils n'ont pas répondu et ils ont emmené Islam. Ce n'est qu'en sortant qu'ils ont réclamé son passeport», se souvient cette mère en larmes, qui en déduit que les ravisseurs ne savaient même pas qui ils venaient chercher. «Mon fils est encore un enfant ! Il m'aide sur le bazar où je vends des pommes de terre, sanglote-t-elle. Le reste du temps, il moule des petites briques !»

Brûleur à gaz. «Ils prennent nos enfants et ensuite ils les battent jusqu'à l'os», témoigne une autre, qui a pu récupérer son fils enlevé lors d'une précédente razzia, en mars dernier. «Je l'ai racheté au bout de dix jours, avoue-t-elle. Il avait été battu dans un garage,