Menu
Libération

«Barricadée chez moi, le ventre noué»

Article réservé aux abonnés
Le récit de notre collaboratrice à Houston quelques heures avant l'arrivée de l'ouragan.
publié le 24 septembre 2005 à 3h49

Notre collaboratrice, Hélène Crié-Wiesner, habite Houston au Texas. Elle a choisi de rester dans sa maison et nous raconte les dernières heures avant l'arrivée de l'ouragan.

«Jeudi, 19 heures [vendredi 2 heures du matin en France] : encore une journée à patienter avant le début du déluge annoncé, avant la furie des vents. Pour l'instant, la température tourne autour de 40°C. Dans la ville silencieuse et léthargique, le ronron des climatiseurs poussés à fond semble tonitruant.

«De l'intérieur, notre maison aux fenêtres couvertes de bois ressemble à un cercueil. J'ai lessivé toutes nos poubelles, bassines et vieux bidons, récupéré dans le bac à recyclage les bouteilles vides : vendredi, je les remplirai d'eau, ainsi que la baignoire. L'eau sera coupée très vite quand l'ouragan aura touché les réseaux électriques, m'a-t-on dit. Qui sait combien de temps nous devrons tenir ici, après le passage de Rita ? Si la maison est encore debout, il faudra parer au plus pressé. Si elle est en miettes, il faudra attendre que le niveau d'eau autour de l'université baisse, pour aller chercher les affaires que nous y avons mises à l'abri, avant d'évacuer pour de bon au Nebraska, dans la famille. Dans nos armoires poussées contre les fenêtres, de l'eau, des conserves, de l'essence pour le réchaud de camping, des pastèques et des concombres, parce que ça se garde plusieurs jours sans frigo.

«Environ la moitié de nos voisins est restée, avec des stocks comparables. Nous comptons sur la solidité de n