Lake Charles (Louisiane)
envoyé spécial
Le ciel s'est bouché. Un silence lourd, troublé par les rares poubelles renversées par le vent. Et aussi ce bruit des câbles sur les mats des voiliers qui claquent dans un port ; sauf que Lake Charles est à 50 km des côtes. La tempête tropicale arrive. Ce vendredi matin, à l'emergency operations center, qui coordonne les secours, les crépitements de talkies-walkies se multiplient : il y a déjà 30 centimètres d'eau à Cameron, une bourgade côtière. Trois écrans géants affichent l'évolution du cyclone. Un responsable de la météo nationale annonce que Lake Charles «pourrait bien affronter le pire du pire», des flots de 3 mètres de haut. «On est entouré d'eau, traversé par une rivière. Ça va bouillir, déborder», résume un expert météo de la garde nationale. Le lieutenant Dave Johnson, inquiet, compile les dernières données sur son ordinateur. «Oh God! Ça sent de plus en plus mauvais.»
Sacs de sable. Depuis la veille, en début d'après-midi, la ville de 80 000 âmes, avec ses raffineries, casinos et boutiques, s'est vidée. Comme aspirée par un siphon sur les autoroutes déjà saturées par les évacués de Houston. Tout ce qui est situé au sud de l'autoroute I10, l'équivalent d'un rectangle de 60 kilomètres de large sur 250 de long, côté Louisiane, a reçu l'ordre d'évacuer. Du déjà vu : on calfeutre les portes, on balance des sacs de sable au pied des portes, on cloue des contreplaqués sur les fenêtres. Lilly Waters, gérante d'un motel, enrage : «A 50