Il est un pays au monde qui cumule les deux calamités du moment : des inondations dévastatrices, moins qu'en Louisiane mais tout de même, et une guerre au sommet de l'Etat, pire que celle entre Chirac et Sarkozy. Ça se passe au Sénégal, le fleuron démocratique de l'Afrique de l'Ouest. A priori les inondations et la guerre ouverte entre le président, Abdoulaye Wade, et son dauphin déchu, Idrissa Seck, n'ont rien à voir, mais rien ne tourne rond en ce moment au Sénégal...
Promesses. L'imbroglio politique d'abord. Depuis le 23 juillet, Idrissa Seck est incarcéré à la maison d'arrêt de Dakar. La disgrâce de Seck, qui est le plus brillant des «élèves» de maître Wade, remonte à février 2004, lorsque l'ex-Premier ministre a été limogé sans préavis. Le différend n'a rien d'idéologique : c'est l'histoire classique de l'héritier qui s'émancipe trop vite et pousse le «vieux» vers la sortie. Chauffé par son entourage et de plus en plus autoritaire, Wade, 79 ans, prend ombrage des ambitions affichées par Seck, 45 ans. Lorsque «Idi» annonce au printemps son intention de quitter le Parti démocratique sénégalais (PDS, droite libérale au pouvoir) s'il n'est pas désigné tête de liste pour les législatives de 2006, c'en est trop. A l'approche du scrutin, Wade est au plus bas : la population, déçue, n'a pas vu se matérialiser les promesses de sopi (changement, en wolof, la langue nationale). Wade voit donc se dessiner une vaste coalition d'opposants et le spectre d'une cohabitation jusqu'à la fi