Larbaa envoyé spécial
Au téléphone, un homme requiert son aide pour l'obtention d'un prêt. Un autre lui demande de témoigner en sa faveur au tribunal. «Son père est mort et il n'arrive pas à obtenir un acte de décès.» Mustapha Kertali sourit d'aise lorsqu'on lui demande si ses concitoyens le prennent toujours pour le maire de la ville. «Les gens viennent me voir, mais je leur explique que je ne suis plus le responsable.» Ce n'est pas seulement l'ex-élu du Front islamique du salut (FIS) que l'on sollicite, mais le chef de guerre, «l'émir de Larbaa», cet ancien «fief» islamiste au sud d'Alger. Difficile d'imaginer le guérillero à la vue de ce notable à la barbe poivre et sel, taillée avec soin, vêtu d'une kamis brodée qui éconduit poliment les quémandeurs tout en servant le thé dans son salon. Pendant huit ans, Mustapha Kertali a dirigé un maquis, régné sur la cité et les monts alentour proclamés «zone libérée» et pourchassé impitoyablement «policiers, militaires et espions».
Invité. Aujourd'hui, il mène une tout autre lutte, électorale cette fois, et n'hésite pas, pour les besoins de la cause, à s'afficher publiquement aux côtés de ceux qu'il combattait naguère. Il appelle à approuver la «charte pour la paix et la réconciliation nationale», soumise demain à référendum. La veille, il a même participé à un rassemblement en faveur du oui organisé par le FLN, l'ancien parti unique, dans la salle omnisports de Larbaa. «Ils m'avaient invité. Ma présence a été très appréciée.»
Son supé