Maître Farouk Ksentini a remis à Abdelaziz Bouteflika en avril un rapport jamais rendu public qui recense 6 146 cas de disparitions du fait de l'action des «agents de l'Etat». Chiffre trois fois inférieur à celui des organisations humanitaires. Avocat, Farouk Ksentini préside la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme, dont les membres sont tous nommés par le chef de l'Etat.
Vous appelez à voter oui au référendum ?
Je fais même un peu campagne. Pour moi, l'objectif final, c'est le rétablissement de la paix civile. Cela fait quinze ans que l'on se dépatouille dans un état de guerre terrible. Il faut arrêter tout ça, tourner la page. Bien sûr, il y aura des injustices. Mais il n'y a pas de guerre propre, et nous étions en guerre. Il faut procéder à des renoncements, même douloureux.
Lesquels ?
L'amnistie signifie l'abandon des poursuites judiciaires. Ce n'est pas satisfaisant, mais c'est le prix à payer.
Ce n'est pas une amnistie générale ?
Le Président répète en effet que ce n'est pas une amnistie générale. Mais il y aura des abandons de poursuite, des remises de peine. Sauf pour ceux qui ont commis des massacres, des viols, ou placé des bombes dans des lieux publics.
Mais comment savoir qui a fait quoi puisqu'il n'y a jamais eu d'enquête ?
C'est tout le problème des disparus dont j'ai la charge. C'était le chaos total. L'Etat était le premier des disparus. Des agents de l'Etat ont commis des dépassements. On ne peut le nier, mais ils étaient terrorisés. Ce qui est l'effet recherché par le terrorisme. Cela explique l'absence d'archives et de poursuites sérieuses contre ceux qui ont commis c