Genève de notre correspondant
Marta Vasquez est au bord des larmes. Dans la grande salle XII du palais des Nations, le siège des Nations unies à Genève, la centaine de diplomates présents s'est finalement rangée du côté de la justice et de la mémoire : voté par consensus vendredi dernier, le projet de convention internationale sur les disparitions forcées est une victoire pour tous ceux qui, comme Marta, pleurent leurs proches ou leurs enfants kidnappés par les juntes militaires ou les groupes armés. Selon les termes de ce texte, les enlèvements massifs et systématiques seront désormais considérés comme des crimes contre l'humanité. C'est-à-dire imprescriptibles.
Nouvelle donne. En Argentine, Marta Vasquez a longtemps mené les Mères de la place de Mai, mobilisées contre les dictatures des années 70-80. «Nous protestions sans autre argument que notre amour des disparus et notre soif de liberté, se souvient-elle à Genève. Nous n'avions pas le droit pour nous...» Or le texte, voté vendredi et parrainé par la France, change la donne : s'il est adopté en 2006 par l'Assemblée générale de l'ONU, il aura force de loi internationale. Le magistrat français Louis Joinet a été l'une des âmes de ce projet de convention. Aujourd'hui expert nommé par le secrétaire général de l'ONU pour enquêter sur les libertés en Haïti, ce vétéran des arcanes onusiennes craignait une nouvelle fois l'enlisement. «On sait que les Etats-Unis détestent les instruments juridiques internationaux contraignants, su