N'Djamena de notre correspondante
«Un gendarme est arrivé un matin devant ma porte. Il m'a dit de venir tout de suite parce qu'une de mes tantes, handicapée, m'appelait à l'aide pour traverser le fleuve. A l'époque, j'étais enceinte de quatre mois. Dix minutes plus tard, je me retrouvais à la DDS (Direction de la documentation et de la sécurité, police politique de Hissène Habré).» Ginette Ngarbaye est aujourd'hui membre de l'association des victimes des crimes et répressions politiques au Tchad. En 1984, sa vie a basculé.
Complot. Torturée durant un mois dans les locaux de la tristement célèbre «Piscine» (prison souterraine à l'intérieur de l'ex-présidence), elle est restée incarcérée deux ans sous le régime de l'ex-dictateur tchadien, au pouvoir de 1982 à 1990. Accusée de comploter, elle a fini par avouer des crimes qu'elle n'avait pas commis. A l'instar de milliers d'autres détenus politiques tchadiens. Près de vingt ans après, elle hésite à détailler les sévices subis, et exhibe ses avant-bras striés de traces noires. «Ils me branchaient à des fils électriques, me fouettaient. Je ne savais même pas ce qu'il fallait que j'avoue. Cinq mois après, j'ai accouché en prison.»
Pour elle, le mandat d'arrêt international lancé par la justice belge et rendu public la semaine dernière à l'encontre de l'ancien dirigeant tchadien pour des «violations graves» des droits de l'homme est une délivrance après des années de rebondissements judiciaires. Réfugié au Sénégal depuis quinze ans, Hi