Bogotá de notre correspondant
Le week-end dernier, 50 000 photos d'Aida Duvaltier ont été lâchées sur les montagnes du Caldas, dans le centre de la Colombie. C'est dans cette région andine que la Franco-Colombienne a été kidnappée le 6 mars 2001, un peu moins d'un an avant qu'Ingrid Betancourt ne connaisse le même sort. La famille Duvaltier, longtemps restée discrète, puis éclipsée par celle de la célèbre ex-sénatrice, a voulu sortir du silence pour obtenir des informations sur leur proche, âgée de 71 ans.
Aida Duvaltier a été enlevée par des guérilleros de l'Armée populaire de libération (EPL), reste d'un groupe maoïste en grande majorité démobilisé dans les années 90. Arrivés en début d'après-midi dans la ferme isolée de la famille, les kidnappeurs n'en sont repartis qu'en soirée, après des palabres tendues. «Ma femme a exigé de partir à ma place, parce que j'étais malade», raconte Jean-Marie Duvaltier, Champenois installé en Colombie depuis quarante ans. «Personne n'aurait réussi à la faire changer d'avis», se rappelle l'époux, qui se reproche encore d'avoir cédé. Après une dizaine de jours, les ravisseurs ont exigé une rançon. L'industrie du rapt était alors au plus fort en Colombie : le nombre d'enlèvements, qui a depuis fortement baissé, a dépassé les 3 000 cette année-là.
Retournements. A priori, le rapt aurait dû se dénouer plus facilement que celui d'Ingrid Betancourt. L'ex-sénatrice fait partie d'un groupe de 58 otages politiques et militaires que les Forces armées ré