Drôle de conception de la réconciliation nationale au Togo. Depuis son élection contestée à la tête de ce petit pays d'Afrique de l'Ouest, en avril, le président Faure Gnassingbé répète à l'envi qu'il souhaite tourner la page des trente-huit années de règne autoritaire de son père, le général Eyadéma, décédé en février. Mais à Lomé il ne fait pas bon critiquer son régime. Le journaliste indépendant Dimas Dzikodo a failli en faire les frais définitivement.
Dimanche soir, après avoir bouclé la dernière édition de son magazine, le Forum de la semaine, il regagne son domicile à moto lorsqu'il est renversé par des inconnus circulant eux aussi sur un deux-roues. A terre, il est roué de coups de gourdin. Ses agresseurs aspergent son visage de gaz lacrymogène et tente de le forcer à ingérer un produit non identifié. Alertés par ses appels au secours, des voisins accourent, obligeant le groupe à décamper. Sur place, un pistolet automatique et des munitions sont ramassés par les badauds. Le corps couvert d'ecchymoses, Dimas Dzikodo a été hospitalisé, mais ses jours ne seraient pas en danger.
Pour les sympathisants de l'opposition à Lomé, cette agression est «signée». Francis Pedro Amuzun, le président de l'Observatoire des médias, note : «De simples voleurs n'auraient pas essayé d'empoisonner leur victime, avant d'emporter son matériel informatique...» Alors que le dialogue politique est au point mort à Lomé, l'attaque visant le patron du Forum de la semaine est interprétée par les obse