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Libération

Au Pakistan, l'islamisme campe sur les décombres du séisme

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publié le 15 octobre 2005 à 4h06

Balakot envoyée spéciale

Pelles et pioches creusent les gravats d'une maison effondrée de Balakot. La puanteur est suffocante sous le soleil de midi. Ils sont une trentaine d'élèves de madrasas (écoles islamiques) à se relayer pour déterrer les corps, tandis que les équipes étrangères, les locaux et les militaires s'activent dans la ville anéantie pour retrouver les cadavres, qui gisent encore par milliers dans les effondrements. Dès le lendemain du séisme, ils étaient une cinquantaine d'étudiants, venus des madrasas de la région, à se rendre à Balakot, avec les habitants des localités voisines, pour sauver les gens des décombres et enterrer les corps, alors que la route était encore bloquée.

Ismaël, 18 ans, est venu, lui, d'une madrasa de Bannu, près des zones tribales. «Je suis la pour servir mon Dieu», explique le jeune homme, vêtu d'une tunique blanche et coiffé d'un calot. A ses côtés, Faysal, élève à Karachi, raconte qu'il était en vacances quand le séisme s'est produit. Il a voulu participer aux opérations de secours, car «Allah a puni les musulmans par ce tremblement de terre». Mohammed, élève à Rawalpindi, croit, lui, connaître la vraie cause de la catastrophe : «Au cours des élections locales (qui viennent de s'achever, ndlr), beaucoup d'électeurs ont juré sur le Coran qu'ils allaient voter pour tel candidat. Puis ils ont reçu des pots-de-vin et ont voté pour un autre. Ils ont profané le Livre saint, c'est pour cela que tout le pays est châtié.»

Dans les rues de Balak