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Libération
Interview

«Cuba, un néostalinisme tropicalisé»

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Elizardo Sanchez Santa Cruz, un dissident de l'intérieur, décrit le fiasco du régime Castro :
publié le 20 octobre 2005 à 4h09

La Havane envoyé spécial

Le social-démocrate Elizardo Sanchez Santa Cruz, ancien professeur de philosophie, est un des plus anciens dissidents à l'intérieur de l'île. Il dirige depuis 1987 la Commission des droits de l'homme et de la réconciliation nationale (CDHRN), une association illégale membre de la Fidh (Fédération internationale des droits de l'homme) qui suit particulièrement la situation dans les prisons cubaines. A 61 ans, il a déjà fait plus de huit ans de prison.

Pourquoi la pénurie économique ne semble pas affaiblir le régime ?

La pauvreté généralisée est liée directement au modèle de l'Etat. Dès la fin des années 60 est née une «opposition de gauche», socialiste, avec même certaines personnes venues du communisme. Elle dénonçait déjà ce qui a fini par arriver : ce modèle d'étatisation fonctionne sur l'exploitation du travailleur cubain. Venir à Cuba, c'est faire un voyage dans le temps, vers le passé, vers le stalinisme. Cuba, c'est un néostalinisme «tropicalisé», un régime hybride, comme un binôme entre Ceausescu et Trujillo (1). Au caudillisme typique de l'Amérique latine s'ajoute la gigantesque capacité de contrôle social d'un régime classique totalitaire. Chaque personne, dans son quartier, est sous contrôle constant, sous intimidation.

Le régime repose sur trois piliers. D'abord, la répression politique et sociale. Le système policier n'est pas d'une «productivité» énorme, mais il est massif. Cuba est le pays qui compte le plus de policiers par habitants dans le monde. Ensuite, la propagande. A l'intérieur, c'est l'éducation