Pékin de notre correspondant
Les derniers rails ont été posés le 15 octobre, mettant fin à l'un des chantiers les plus osés au monde. Le chemin de fer reliant, sur 1 142 km, Golmud, dans la région chinoise du Qinghai, à Lhassa, capitale de la «région autonome du Tibet», va désormais subir une longue période de tests et d'installation de la signalisation avant d'entrer en service, l'an prochain ; mais le pari chinois est d'ores et déjà gagné.
Il y a, d'un côté, la prouesse technique, aux dimensions pharaoniques, qu'a constituée la construction d'une voie ferrée dans une des régions les plus difficiles du globe, de quoi entrer dans la légende au côté des pionniers qui ont ouvert la première route du Tibet, dans les années 50 ; de l'autre, la dimension politique d'une voie de communication avec le «Toit du monde» qui risque d'accélérer l'intégration de la région tibétaine à l'ensemble chinois, et en particulier, redoutent non sans raison les Tibétains, l'arrivée massive de «colons» chinois de l'ethnie dominante Han.
Aucun témoin. Nul ne pourra décrire ce chantier, comme l'ont fait au début du XXe siècle le journaliste Albert Londres ou l'écrivain André Gide pour la construction du chemin de fer Congo-Océan, en Afrique centrale française, qui aurait coûté «un homme par traverse». Pas un journaliste étranger n'a été admis au cours des quatre années de travaux effectués à plus de 4 000 m d'altitude, par des températures, en hiver, de - 25 °C ou - 35 °C, et qui, sur près de la moi