Téhéran de notre correspondante
L'avenue Enghelab (l'avenue «révolution») qui longe l'université de Téhéran, où se tient la grande prière du vendredi, est bloquée. Quelques milliers de personnes y sont agglutinés. Habit militaire et ceinture de fausses cartouches autour du torse, un homme d'une soixantaine d'années, agenouillé sur le toit d'un minibus, s'égosille au micro : «Pas de consensus, pas de capitulation, luttons contre Israël.» «Mort à Israël», renchérissent des groupuscules de barbus et de femmes en tchadors noirs. «Allons les rejoindre», dit un mollah à ses enfants, entraînant sa minuscule fille coiffée du keffieh palestinien. Dans la foule, des petits garçons d'à peine 10 ans gesticulent, des revolvers en plastique au poing. D'autres brandissent des pancartes annonçant qu'Israël doit être «rayé de la carte», une déclaration de l'imam Khomeiny reprise jeudi par le président Mahmoud Ahmadinejad.
Mise en scène. Voulue par l'ayatollah Khomeiny, la «journée de Qods» (Jérusalem) se tient chaque année le dernier vendredi du mois de ramadan. L'objectif du père de la République islamique d'Iran était de faire part de l'esprit de solidarité des musulmans iraniens et de montrer leur détermination à «lutter contre l'oppression». Les participants n'hésitent pas à en rajouter dans la mise en scène : un cortège d'hommes habillés tout de blanc, visage et poitrine maculés d'encre rouge, est suivi par un énorme drapeau d'Irak. Plus loin, des cercueils factices enveloppés des drapeau