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Libération
Interview

«Le Québec, une nation dominée»

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publié le 29 octobre 2005 à 4h20

Il y a dix ans, le référendum sur l¹indépendance du Québec échouait à 1 % près, avec une participation record de 94 %. Bernard Landry, 68 ans, ex-Premier ministre de la province et président du Parti québécois (indépendantiste) jusqu¹à cet été, ne renonce pas au combat de sa vie.

Pensez-vous vraiment que le Québec sera indépendant dans trois à quatre ans ?

C¹est ce que je pense. Parce que l¹argumentation souverainiste développée depuis les années 60 est solide, fondée sur des réalités. Une nation doit être libre, elle doit contrôler son destin. Il est imprudent de laisser son destin à la majorité d¹une autre nation, même si celle-ci n¹est pas hostile.

Pourquoi un troisième référendum serait-il le bon après deux échecs ?

Les peuples évoluent lentement, surtout s¹ils choisissent un cheminement strictement démocratique. Il faut parler, convaincre. Le mouvement indépendantiste était marginal dans les années 60. En 1980, il avait l¹appui de 40 % des électeurs et en 1995 de 50 %. Il était difficile pour les Québécois des générations antérieures de quitter le Canada, parce que dans leur esprit ils avaient fondé ce pays. Ils se décrivaient comme des Canadiens français, les autres c¹étaient des Anglais. Ce changement culturel a pris plusieurs générations. On ne change pas de nom, d¹identité comme cela.

Souverainistes, ça fait moins peur qu¹indépendantistes ?

Le mot n¹est pas employé ici dans le même contexte qu¹en France. Pour moi, il est synonyme d¹indépendance nationale, mais en parlant