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Libération

Les derniers juifs d'Ethiopie espèrent encore la terre promise

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Les descendants de juifs convertis au christianisme attendent depuis des années un visa pour Israël.
publié le 1er novembre 2005 à 4h21

Addis Abeba correspondance

Telafa Debebe a 82 ans. Recroquevillé sur le lit qu'il n'arrive plus à quitter depuis quelques jours, le vieil homme ressasse son rêve. «Quand j'étais petit, les anciens me racontaient qu'un jour Dieu nous ramènerait tous sur la terre promise. Ils sont morts en Ethiopie, mais moi je veux mourir en Israël», murmure-t-il. Sa femme connaît cette histoire par coeur. C'est pour ce rêve qu'avec quatre enfants, ils ont abandonné leur maison et leur magasin près de Gondar, dans le nord de l'Ethiopie, il y a sept ans, pour une minuscule chambre à Addis Abeba où elle pensait ne rester que quelques semaines. Comme Telafa et sa femme, 5 000 à 8 000 juifs éthiopiens s'entassent, souvent depuis plusieurs années, sur une colline proche de l'ambassade d'Israël. Des chambres d'arrière-cour, d'anciennes remises ou des étables leur servent de domicile de transit, en attendant le voyage espéré vers la «terre promise».

Convertis. Telafa est un falashmora, un descendant de juifs convertis au christianisme il y a une ou deux générations. L'Ethiopie en compterait à peu près 20 000 aujourd'hui, selon l'Agence juive, l'organisation chargée d'aider à l'émigration des juifs vers Israël. Mais à la différence des 60 000 juifs éthiopiens (les falashas) qui ont bénéficié du droit automatique d'émigrer en Israël au début des années 90 selon la loi du retour (aliya), en prouvant qu'un au moins de leurs parents était israélite, les falashmoras, dont l'ascendance juive est plus diffici