Bogota de notre correspondant
Ingrid Betancourt est devenue une source de bisbilles diplomatiques entre Paris et Bogota. Dans une interview à l'hebdomadaire Semana, paru hier, le vice-président colombien, Francisco Santos, accuse la France d'avoir été «terriblement négative et dure» à l'égard de son gouvernement. Responsable, selon lui, «une campagne très bien montée» autour de la femme politique franco-colombienne. L'ex-sénatrice, enlevée en février 2002 par la guérilla d'extrême gauche des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), serait devenue un «thème électoral français», «sur le dos du gouvernement colombien».
Comme beaucoup de dirigeants de son pays, Santos estime que l'opinion publique de l'Hexagone a «renversé les rôles», en jugeant Bogota coupable de ne pas avoir entamé de négociations pour libérer Betancourt et 57 autres otages politiques et militaires des Farc. Pour lui, la responsabilité des ravisseurs est oubliée : «On est indigné, en allant à Paris, de voir sur la mairie une pancarte qui la présente comme simplement "retenue" [vocabulaire utilisé par les Farc], et pas enlevée.» La photo régulièrement déployée sur l'Hôtel de Ville précise bien «Ingrid Betancourt, enlevée», mais le différend dépasse la simple querelle de mots.
En septembre, des révélations de la presse locale sur des rencontres entre un émissaire français et le porte-parole des Farc, Raul Reyes, avaient déjà provoqué un miniscandale. Bogota avait envoyé une note diplomatique accusant Pari