Lorsque, le 4 novembre 1995, Yitzhak Rabin décède à l'hôpital Ichilov de Tel-Aviv, les médecins trouvent dans la poche de sa chemise maculée de sang les mots griffonnés du Chant de la paix. Quelques instants plus tôt, le Premier ministre israélien, du haut de la tribune de la place des Rois d'Israël, a ânonné les mots de ce chant pacifiste né en 1969, devant quelque 150 000 personnes ; 150 000 personnes venues lui dire : «Nous sommes avec toi.» Mais, à la fin de cette soirée d'hommage à l'artisan des accords d'Oslo, il laissera tomber devant sa femme, Leah, et ses aides : «C'est le plus beau jour de ma vie.»
Ce sera aussi le dernier. A 21 h 40, alors qu'il regagne sa voiture, sa garde rapprochée ne peut empêcher Ygal Amir, un étudiant religieux, nationaliste exalté, de lui tirer trois balles dans le dos. Il espère par ce geste enrayer définitivement le processus de paix entamé avec les Palestiniens. Amir a certes agi seul, mais des pans entiers de l'opinion de droite, rabbins et politiciens en tête, ont armé son bras. La campagne contre Yitzhak Rabin a été violente, injurieuse, ses portraits, grimé en SS, ont été brandis dans les manifestations de la droite. Des piquets de protestation ont fait le siège de son domicile, des nuits entières. De pieux décisionnaires ont même débattu de sa culpabilité comme «traître à son peuple».
Héritage. Dix ans après la mort du prix Nobel de la paix, partagé avec Yasser Arafat et Shimon Pérès, les «théories du complot» sur la mort de Yitzhak R