Erbil envoyé spécial
Y penser toujours, mais n'en parler jamais. Ou le moins possible. Les dirigeants kurdes irakiens savent que le thème est très sensible, mais l'indépendance reste plus que jamais le souhait de la quasi-totalité des 4 millions d'habitants de ce territoire échappant depuis 1991 à la tutelle de Bagdad. La nouvelle Constitution irakienne relance le rêve. «Affirmer que l'indépendance est notre but à long terme signifierait qu'il y a un plan préétabli. Mais dire que c'est notre droit est simplement rappeler une évidence», souligne prudemment Fuad Hussein, chef de cabinet de Massoud Barzani, le président du gouvernement régional du Kurdistan irakien. «La création d'un Etat reste l'objectif de tous les partis kurdes. Mais le rêve peut tourner facilement au cauchemar si l'on précipite les choses. Il nous faut donc être réalistes et comprendre quels sont les réels rapports de force», reconnaît Safeen Dizayee, cadre du PDK (Parti démocratique du Kurdistan), le mouvement de Massoud Barzani. L'autre grand parti kurde, l'UPK (Union patriotique du Kurdistan) de Jalal Talabani, l'actuel président irakien, développe peu ou prou le même argumentaire. Nul ne peut oublier les contraintes de la géopolitique régionale, alors que l'émergence progressive d'un Etat kurde en Irak inquiète aussi bien la Turquie que l'Iran ou la Syrie, où vivent de fortes minorités kurdes.
Ebauche. Le rêve s'affiche sur les murs des bureaux officiels où l'on voit souvent la carte d'un «Grand Kurdistan