Johannesburg de notre correspondante
«Je vais devoir tout recommencer de zéro, se plaint Hannes Visser. Cette famille noire n'a aucune raison légitime de vouloir mes terres.» Cet Afrikaner de 47 ans devra sans doute bientôt quitter sa ferme d'élevage de 500 hectares, son petit abattoir et sa maison proche de Lichtenburg, à 250 km à l'ouest de Johannesburg. Contraint et forcé : la commission sur la restitution des terres a décidé de l'exproprier, après avoir tenté pendant deux ans de négocier le rachat de sa ferme l'Etat lui offrait 226 000 euros alors que Visser en réclamait 387 000, en mettant en avant la nature industrielle de ses activités.
Jusqu'à présent, la commission s'est fondée sur le principe «vendeur consentant, acheteur consentant» pour racheter les terres revendiquées par les descendants de fermiers noirs dépossédés par la force ou injustement compensés, dans le cadre des lois discriminatoires adoptées depuis 1913. «Mais certains propriétaires ont une attitude qui rappelle celle du gouvernement de l'apartheid», déplore Blessing Mphela, un responsable de la commission sur la restitution.
Appel. Visser se défend de faire de l'obstruction : «Je ne suis pas opposé à la restitution si elle respecte la loi. Or la famille noire qui possédait cette ferme l'a vendue de son plein gré en 1942, à un juste prix. Mon père l'a ensuite rachetée en 1968.» Visser a fait appel cette semaine : si la ministre de l'Agriculture et de la Terre, Thoko Didiza, approuve l'expropriation, il