Bouaké envoyé spécial
Munis de tam-tams, des griots arpentent les rues de Bouaké pour tenter de convaincre les parents d'envoyer leurs enfants à l'école à partir de lundi. La rentrée aurait dû avoir lieu le 17 octobre, mais les établissements de la «capitale» des rebelles, qui tiennent la moitié nord de la Côte-d'Ivoire depuis plus de trois ans, sont restés vides. Pourtant, assurent les enseignants et des responsables locaux de l'Education, tout est prêt. Ne manquent plus que les élèves, dont la plupart traînent dans les rues poussiéreuses de la ville à la recherche de quelques francs CFA.
La faute à qui ? A Bouaké, la réponse fuse : au gouvernement d'Abidjan qui, depuis 2003, affirme ne pas être en mesure d'organiser les examens, en raison de l'insécurité qui régnerait sur place. «C'est une décision politique, rétorque un observateur étranger sous couvert de l'anonymat. Techniquement, c'est faisable : la criminalité n'est pas plus élevée ici qu'à Abidjan, les professeurs sont à leur poste, et l'ONU et les forces françaises de Licorne avaient même donné leur accord pour assurer le bon déroulement des examens.»
Dans cette ancienne colonie française, indépendante depuis 1960, les élèves sont soumis à des épreuves à la fin du primaire pour entrer en sixième, au BEPC en classe de troisième et au baccalauréat en terminale. Pour chacun de ces examens, les familles doivent s'acquitter de droits d'inscription qui, dans un pays en pleine déliquescence économique, représentent un effort