Nul n'est prophète en son pays... sauf peut-être Blaise Compaoré. Accusé de toutes les turpitudes à l'extérieur de ses frontières (en Sierra Leone hier, en Côte-d'Ivoire aujourd'hui), le président du Burkina Faso, qui a pris le pouvoir en 1987 à la faveur d'un coup d'Etat, n'a sans doute jamais paru aussi à son aise au «Pays des hommes intègres». Au point que l'élection présidentielle de ce dimanche ressemble à une simple formalité. Face à une opposition divisée et impuissante, le «beau Blaise» devrait rempiler pour au moins cinq ans à Ouagadougou.
Allumer. Le paradoxe n'est qu'apparent. Car Blaise Compaoré a largement tiré profit sur le plan politique de la crise en Côte-d'Ivoire, qu'il est soupçonné d'avoir en grande partie allumée lui-même. Durant de longs mois, les chefs de la rébellion qui contrôlent la moitié nord du pays se sont entraînés, au vu et au su de tous, dans la capitale burkinabé avant de passer à l'action en septembre 2002.
Estimés à près de deux millions en Côte-d'Ivoire, où ils sont très présents dans les plantations de cacao, nombre de ses compatriotes en ont pourtant fait les frais. Harcelées par les forces de l'ordre à Abidjan ou par les autochtones dans la «boucle du cacao», plusieurs dizaines de milliers d'entre eux seraient rentrées au pays. Mais leurs malheurs, loin de déstabiliser le chef de l'Etat, ont suscité un réflexe patriotique au Burkina. Le mystérieux assassinat, en 1998, du journaliste Norbert Zongo, qui enquêtait sur la face obscure du cla