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Libération

La rancoeur des «enfants des chandelles» israéliens

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Dix ans après la mort de Rabin, ce mouvement pacifiste est à l'abandon.
publié le 14 novembre 2005 à 4h34

Jérusalem intérim

Les images avaient fait le tour du monde. Toute une génération d'adolescents israéliens qui se recueille en pleurs devant une forêt de petites flammes à l'endroit même où Yitzhak Rabin venait d'être abattu par un juif extrémiste. Comme la plupart de ses amis, Shaï Niv, âgé alors de 15 ans, pense que ces trois coups de feu vont changer sa vie pour toujours. Dix ans après, ceux que l'on a appelés «les enfants aux chandelles» ont perdu leurs illusions.

Guitare. Rien ou presque ne reste de leur mobilisation de l'époque. Un mouvement a bien été créé, appelé «Une génération entière demande la paix», mais il a fait long feu. «J'y étais moi aussi. J'ai allumé des bougies, j'ai écrit sur les murs, et j'ai appris à mes amis à jouer des chansons pacifistes à la guitare», dit Shaï, qui finit cette année des études de communication et médias. Porte-parole de l'union des étudiants de sa fac, Shaï a pris l'habitude de publier des tribunes dans les médias israéliens. «Les jours qui ont suivi l'assassinat, nous étions euphoriques, se souvient le jeune homme. Il y avait des réunions au centre communautaire, des discussions, des débats, nous nous disions que nous allions conduire notre pays vers un futur différent, vers une paix définitive. Et nous nous sommes arrêtés en cours de route.»

En dix ans, «les enfants aux chandelles» ont mûri. Ils sont passés par l'armée. Certains sont partis en Inde ou en Thaïlande pour oublier. «La plupart des gens de mon âge sont plus matérialistes