Amman envoyé spécial
C'est dans la vaste province d'Al-Anbar que la rébellion irakienne est la plus offensive, ce qui lui vaut de concentrer la majorité des grandes opérations américaines, dont la dernière, Rideau d'acier, se poursuit depuis dix jours le long de la frontière syrienne. C'est aussi dans cette province que le non au référendum a obtenu le meilleur résultat avec 97 % des votants. Chef de l'Assemblée du peuple d'Al-Anbar, l'un des principaux mouvements d'opposition armée, composé de guérilleros, de chefs de tribus, de religieux, et d'un bon nombre d'ex-officiers de sécurité de Saddam Hussein dans cette province, cheikh Latif al-Oumyem s'est réfugié à Amman (Jordanie). D'une famille originaire de Ramadi, la capitale de la province, ce religieux sunnite, auteur d'une quarantaine d'ouvrages sur le droit islamique, a été un proche de Saddam Hussein qu'il rencontrait fréquemment. L'ex-raïs lui avait confié la charge d'imam de la prière du vendredi à Bagdad, un poste politico-religieux de la plus haute importance. Dans une interview exclusive à un journal occidental, le chef des insurgés s'explique.
Quelle est la situation dans la province d'Al-Anbar ?
Très mauvaise. La plupart des villes sont encerclées par l'armée américaine. Sept willayat (districts) sont en état de siège, ce qui signifie que la population n'a ni électricité ni eau ni nourriture, qu'on y procède à des arrestations illégales et à des destructions de maisons. Un bombardement américain a tué 75 civils. A