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Libération
Interview

«Un risque pour la cohésion de l'Italie»

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publié le 18 novembre 2005 à 4h38

Rome de notre correspondant

Au lendemain de l'approbation définitive par le sénat italien d'une profonde réforme de la Constitution dans un sens fédéral, l'ancien président de la Cour constitutionnelle, le juriste Leopoldo Elia, proche de l'opposition de gauche, dénonce «de grands risques pour la cohésion nationale» de la péninsule. Fortement voulu par le mouvement autonomiste de la Ligue du Nord, le texte prévoit un renforcement du pouvoir des régions et du rôle du chef du gouvernement.

En quoi cette réforme est-elle dangereuse pour l'avenir du pays ?

C'est un texte qui porte à la dissociation du pays et qui désarticule les institutions. La réforme affirme d'un côté que la santé ou l'éducation sont de la compétence exclusive de l'Etat et de l'autre que, désormais, l'organisation scolaire et sanitaire est également de la compétence exclusive des régions. Tout dépendra donc à l'avenir de l'interprétation de cette exclusivité. On peut imaginer qu'une majorité politique conditionnée par la Ligue du Nord donnera une interprétation totalement favorable aux régions.

Mais l'Italie va-t-elle dans la direction d'une sécession de la riche «Padanie» (Nord) et d'un abandon du Mezzogiorno (Sud) comme le réclamait la Ligue du Nord ?

Il ne s'agit plus d'une sécession déclarée mais d'une sécession implicite. Si les lois régionales finissent par avoir la primauté sur les décisions prises au niveau national, on assistera à un fossé encore plus grand entre les conditions de vie dans les différentes