Tunis envoyé spécial
Après trente-deux jours de grève de la faim, les huit personnalités de l'opposition et de la société civile qui entendaient protester contre les atteintes aux libertés fondamentales en Tunisie ont cessé vendredi leur mouvement, quelques heures avant la clôture du Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI). A l'issue de leur conférence de presse, quelque 200 jeunes ont manifesté au pied de l'immeuble qui abritait la grève de la faim, aux cris de «Ben Ali, dix-huit ans, ça suffit !» et «La faim plutôt que la soumission». Immédiatement, l'important dispositif policier présent sur les lieux s'est resserré pour empêcher la manifestation de défiler dans les rues.
Consensus. L'objectif de ce mouvement, lancé le 18 octobre, a été atteint au-delà de toute espérance. L'opposition tunisienne, divisée, n'était jamais parvenue à mener une action commune de cette envergure. Presque toutes les tendances étaient représentées, de l'extrême gauche aux islamistes, dont un sympathisant, Samir Dillou, faisait partie des grévistes. «Tout le monde s'est retrouvé sur la revendication d'un Smic des libertés», explique Hamma Hammami du Parti ouvrier communiste tunisien (interdit). Les grévistes, qui entendaient profiter du SMSI, ont insisté sur trois points consensuels : liberté d'expression et donc de la presse, liberté d'association et donc des partis, et libération de tous les détenus politiques.
Pour en arriver là, il a fallu de longues années de déchirures durant les