Rabat envoyée spéciale
C'était il y a un mois. Abderrahim Boualem, 55 ans, et Abdelkrim Mouhafidi, 49 ans, employés à l'ambassade du Maroc à Bagdad, sont enlevés alors qu'ils rentrent d'Amman, où ils sont allés chercher la paie du personnel. Depuis, on ignore leur sort. On sait seulement que la branche irakienne d'Al-Qaeda, dirigée par Al-Zarqaoui, a revendiqué leur rapt le 26 octobre et annoncé leur «condamnation à mort» le 5 novembre, après leur «jugement» par un «tribunal islamique».
Aucun contact. Ce «verdict» a provoqué d'autant plus d'inquiétudes qu'Al-Zarqaoui a l'habitude de mettre ses promesses à exécution. Pourtant, le groupe n'a plus rendu public aucun communiqué ni cassette. «Le fait qu'ils n'aient pas été tués laisse un espoir», dit-on à Rabat, où l'on affirme «n'avoir aucun contact, même indirect», avec les ravisseurs et où l'on reste très discret sur les démarches menées (une mission diplomatique a été dépêchée à Amman) ou sur d'éventuelles demandes de rançon. Seule certitude : les autorités ont adopté un ton très dur à l'égard des ravisseurs après que le Comité des oulémas, principale association sunnite irakienne, les eut condamnés en exigeant la libération des otages.
Cette rudesse trouve aussi son origine dans le prétexte fourni par Al-Qaeda pour justifier son «verdict» : les deux otages «sont partisans des tyrans et membres du régime apostat du Maroc». Laisser qualifier d'«apostat» un Etat dont le roi est «commandeur des croyants», donc «descendant du Prophè