Pristina envoyé spécial
Une soudaine déflagration fait vibrer les vitres des cafés, puis les hurlements des sirènes de police déchirent, mercredi, la nuit froide de la capitale kosovare. «C'était où, cette fois ?» demande un badaud blasé, puis les conversations reprennent. Chaque semaine, de petites bombes anonymes explosent sans faire de victimes, visant le plus souvent des véhicules ou des bâtiments de la Minuk, la mission de l'ONU qui administre cette province du sud de la Serbie depuis 1999. Il y a quinze jours, des hommes en uniforme noir arrêtaient les voitures sur une route de montagne, déclarant être des combattants d'une Armée pour le Kosovo indépendant (UPK) jusqu'ici inconnue et menaçant d'exécuter les politiciens «qui trahiraient l'indépendance». Ce groupe annonce maintenant des «attaques» contre l'ONU. A la veille du début des négociations sur le statut final du Kosovo, la fièvre monte. «Nul n'aurait imaginé que six ans et demi après la libération nous serions encore sous une tutelle infantilisante qui encourage l'irresponsabilité de la classe politique et sa corruption», accuse Albin Kurti, leader des révoltes étudiantes en 1997, condamné à quinze ans de prison par le régime de Milosevic. En juin, il a créé le mouvement Autodétermination. Il mobilise un nombre croissant de jeunes dans des protestations pacifiques contre une administration internationale désormais considérée par une majorité des Kosovars comme la cause principale de leurs maux.
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