Barcelone envoyé spécial
«Il faut boucler le texte. Il faut le boucler d'une façon ou d'une autre !» Capté par un micro qui n'aurait pas dû être ouvert, cet aparté furibond entre le Premier ministre espagnol, José Luis Zapatero, et l'un de ses conseillers traduit l'ambiance de fiasco qui a régné sur le sommet euro-méditerranéen (Euromed) de Barcelone qui s'est clos hier. Dix ans après la naissance de ce partenariat entre l'Europe, Israël et neuf pays arabes, l'Union européenne et les pays du pourtour méditerranéen ont dû négocier jusqu'à la dernière minute les termes du «code de conduite antiterroriste», dont Tony Blair, coprésident de ce sommet, avait fait sa priorité.
Mais ce texte qui proclame que «le terrorisme ne peut jamais être justifié» a été édulcoré, après la rituelle bagarre entre Occidentaux et Arabes sur la légitimité ou non de la résistance armée à l'occupation. «C'est la déclaration la plus forte qu'on puisse avoir», a quand même voulu se réjouir le Premier ministre britannique. Les divergences entre Israël et pays arabes ont d'ailleurs empêché les 35 pays représentés à Barcelone de cosigner la moindre déclaration générale sur les perspectives de paix au Proche-Orient.
Ce dixième anniversaire a été ostensiblement boudé par les pays de la rive Sud de la Méditerranée. Hormis le président de l'autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, la plupart des chefs d'Etat arabes, tout comme le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, n'ont même pas jugé bon de se déplacer,