En haut des marches, un Zeus monumental de marbre attend les visiteurs. A ses côtés, un centurion en chair et en os monte la garde, son casque métallique à la main. Les touristes chinois font la queue pour être pris en photo avec ce digne représentant de la Grèce antique. Mais est-il bien grec, le centurion ? «I don't speak english», nous a répondu, avec un lourd accent russe, ce géant dont le badge indique qu'il se prénomme Viktor. Un peu plus loin, des danseuses largement dénudées, blondes et russes elles aussi, s'agitent au rythme d'une chanson de... Yannick Noah, Ose, tandis qu'un panneau lumineux annonce qu'il s'agit d'un «brazilian show»...
Bienvenue au Greek Mythology, l'un des tout nouveaux casinos de Macao, ce confetti d'empire portugais revenu à la Chine en 1999 qui est au coeur d'une véritable révolution culturelle, celle du jeu et du divertissement. Cet établissement est une importation directe de Las Vegas, produit hybride et globalisé destiné à nourrir l'appétit de jeu, apparemment inépuisable, des nouveaux riches et moins riches d'Asie, et surtout de Chine.
Macao, l'enfer du jeu, la légende immortalisée par le film de Jean Delannoy en 1942, s'était quelque peu émoussée au cours des années 80 et 90 dans ce bout d'empire colonial finissant. Le monopole des casinos accordé depuis des décennies à Stanley Ho, authentique tycoon chinois, se contentait de ronronner, à l'image du Lisboa, son «navire amiral», vieux palace décati (abritant tout de même un restaurant de Jo