Vallée de Bedi envoyée spéciale
Après quelques heures de marche, depuis la route qui sillonne la vallée de Bedi dans la région de Bagh (Pakistan), on atteint les premières maisons du village de Dallowalli, ou plutôt ce qu'il en reste. A quelques mètres des ruines de sa ferme, Altaf a construit une cahute pour abriter sa femme et ses deux jeunes enfants. Quatre piliers de bois, recouverts de couvertures et de bâches plastique, où le vent glacé s'engouffre pendant la nuit. Ils vont tenter d'y survivre jusqu'au printemps. La femme d'Altaf fait bouillir l'eau du thé matinal sur un petit feu de bois avec les ustensiles récupérés sous les restes de la maison. Comme chaque année, les premières neiges bloquent le col de Hadji Pir, qui permet d'accéder à la vallée, et la quinzaine de villages accrochés aux flancs des montagnes vont être coupés du monde jusqu'en mars. L'hiver s'annonce comme un nouveau cauchemar : depuis le séisme du 8 octobre, qui a secoué le Cachemire, près de la moitié des maisons de Bedi se sont effondrées ou ont été gravement endommagées. Le pire est à venir. La neige est tombée sur les sommets, bientôt elle recouvrira toute cette région déjà ravagée.
Sur une butte, une autre famille, plus nombreuse, qui dispose des bras solides de cinq hommes, a déjà entrepris de reconstruire une vraie demeure. La charpente est terminée et le toit a été recouvert de branches de sapin, puis d'une épaisse couche de boue qui assure l'isolation. Reste à compléter les murs et la famill