Libreville de notre correspondante
Une odeur de fin de règne perce déjà. Au lendemain de la victoire de «Papa Bongo», réélu dimanche avec 79,21 % des voix (1) à la tête du Gabon, la question de la succession est sur toutes les lèvres. Car ce septennat sera sûrement le dernier pour Omar Bongo, 69 ans, doyen des chefs d'Etat africains, au pouvoir depuis 1967. Et la campagne a mis en scène le déchirement du camp majoritaire, exposant au grand jour ses rivalités et ses haines. Cette course à la magistrature suprême s'est transformée en course à l'échalote dans l'entourage du «Patriarche». «Quand la sono n'a pas fonctionné dans le fief d'un rival au sein de la majorité, j'ai vu des gens se ruer tout sourire au téléphone pour en informer le Président en se disant : un de moins !» raconte un membre du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir).
Alors que c'était «gagné d'avance», selon un slogan du camp présidentiel, jamais campagne ne fut aussi dispendieuse : affiches géantes, feu d'artifice, avions, hélicoptères, des centaines de 4x4 estampillés «Bongo 2005» et tee-shirts à son effigie. Chacun des protégés du «Doyen» veut s'attirer ses faveurs dans la course à la succession et aux ministères. D'où une cacophonie de messages, parfois sibyllins : «demain sera meilleur qu'aujourd'hui», «l'expérience du passé, la maîtrise de l'avenir», «Bongo, j'en veux toujours un peu plus». Cacophonie aggravée par l'absence d'un directeur de campagne (généralement nommé Premier ministre) qui illus