Bamako envoyé spécial
Qui dit sommet dit contre-sommet. La XXIIIe réunion Afrique-France organisée dans la capitale malienne en présence de Jacques Chirac et d'une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement du continent a été précédée par celle des détracteurs de la politique française en Afrique. Une première pour un collectif d'associations africaines et françaises : en 1994, en 1998 et en 2003, des «contre-sommets» avaient bien été organisés, mais dans l'Hexagone. «Ce n'est pas un hasard si nous avons tenu cette réunion à Bamako, confie l'un des participants. Le Mali est l'une des rares démocraties dignes de ce nom sur le continent.»
Péjoratif. Durant deux jours, à la Maison des jeunes de Bamako, des intervenants tchadiens, maliens, burkinabé, sénégalais et français ont dénoncé, in situ, des turpitudes supposées ou réelles de la «Françafrique». Un néologisme inventé dans les années 70 par l'ancien président ivoirien Houphouët-Boigny pour décrire les liens étroits entre Paris et ses ex-colonies, puis rendu aussi célèbre que péjoratif par François-Xavier Verschave, ex-président de l'ONG Survie, récemment décédé. Odile Tobner, qui lui a succédé, a dressé à Bamako un bilan catastrophique de l'action de Paris en Afrique : «La coopération entre la France et le continent s'apparente à celle du cavalier et du cheval. Depuis les indépendances, les gouvernements français successifs ont constamment cherché à étouffer tout ce qu'il y avait de vigoureux et de constructif en Afrique.»
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