Pékin de notre correspondant
La quasi-totalité des organes transplantés en Chine provient de condamnés à mort exécutés : l'accusation était lancée depuis des années par des exilés chinois, elle est aujourd'hui confirmée par Pékin. Un aveu de taille qui entre dans le cadre d'une tentative d'éliminer les abus et les excès qui entourent l'usage massif de la peine de mort en Chine, sans pour autant remettre en cause le principe même de la peine capitale.
Le vice-ministre de la Santé, Huang Jiufe, a annoncé officiellement, lors d'une conférence internationale à Manille, que la Chine préparait un projet de loi destiné à réguler le don d'organes, qu'il a lui-même qualifié de «zone grise». Il a reconnu que si la Chine était le deuxième pays au monde, après les Etats-Unis, pour le nombre de greffes d'organes, elle n'a jamais pu obtenir de reconnaissance internationale en l'absence de transparence sur la provenance des organes.
Le magazine économique Caijing précise que 5 % seulement des organes greffés proviennent de dons libres, et 95 % de criminels exécutés. Un vrai marché s'est organisé, dans lequel un hôpital prend contact avec la police lorsqu'il a besoin d'un organe, et la transaction s'effectue avec un tribunal pour pouvoir récupérer les organes d'un exécuté. Il en coûte de quelques milliers d'euros à plusieurs dizaines de milliers d'euros pour un rein ou un foie, en raison des frais de «relations publiques», un euphémisme pour les pots-de-vin versés tout au long de cette sinistr