Le Caire de notre correspondante
Il s'approche, grand sourire et main tendue. Les apparences sont trompeuses : malgré son costume impeccable, ses joues rasées de frais et son portable vissé à l'oreille, Abdallah est en congé aujourd'hui. En ce premier jour des législatives, ce jeune cadre a mieux à faire : avec quelques-uns de ses amis, il s'est porté volontaire pour observer le déroulement du scrutin dans l'école de son quartier, au centre du Caire. Ses camarades sont installés sur le trottoir avec leurs ordinateurs portables. Ils y ont compilé les listes électorales et renseignent les électeurs désemparés par l'absence totale d'informations officielles sur leurs lieux de vote. Abdallah sourit encore. «Si tout se passe bien, si la fraude est limitée et la liberté de vote respectée, ces élections pourraient être une étape essentielle pour l'Egypte, et pour nous aussi.» Nous ? Abdallah tapote le badge accroché à sa veste. Abdallah est un Frère musulman.
Inquiétante nébuleuse. A l'autre bout de la ville, dans le quartier résidentiel de Medinet Nasr, une flopée de jeunes filles sautillent, surexcitées. «Votez pour l'islam», piaillent-elles gaiement sous leurs voiles pastel ou gris, alpaguant les électeurs pour leur rappeler de voter pour Makaram el-Deiri, l'unique femme investie par la confrérie islamiste. Quelques quinquagénaires aux barbes taillées entament en anglais la discussion avec les étrangers de passage. Depuis le début de la campagne électorale, la confrérie islamiste,