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Libération

Terreur paramilitaire en Colombie

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Les milices, théoriquement désarmées, imposent leur loi dans un quartier pauvre de Bogota.
publié le 8 décembre 2005 à 4h52

Bogotá de notre correspondant

Andrew et Camilo n'auront jamais pu présenter leur pièce de théâtre. Les deux étudiants de Ciudad Bolívar, immense quartier pauvre de Bogotá, ont été retrouvés découpés en morceaux, il y a quatre mois. «Il n'y a pas eu de funérailles, raconte Lucy (1), une de leurs amies, à cause des menaces.» Andrew et Camilo ont grossi la liste des plus de 150 habitants de moins de 25 ans abattus en silence depuis l'an dernier dans le secteur, au cours d'une violente offensive des paramilitaires. «Ils ont appelé la famille en lui "conseillant" de ne pas faire de bruit, continue Lucy. Elle a préféré disparaître.»

Ces milices ultraconservatrices, nées dans les années 80 sous l'impulsion de narcotrafiquants, de grands propriétaires et d'officiers pour s'attaquer aux guérillas et à toute organisation de gauche, sont pourtant officiellement en trêve depuis décembre 2002. Fédérées au sein des Autodéfenses unies de Colombie (AUC), elles négocient leur démobilisation avec le gouvernement du président Alvaro Uribe : la moitié de leurs 20 000 hommes auraient déjà rendu les armes. «Mais ici, c'est le contraire : elles sont en train d'imposer leur loi», constate Isaías, élu local du quartier de Jerusalén, perché sur les collines de Ciudad Bolívar.

Sans-terre. Au début de l'année, des rapports des services de renseignements colombiens constataient déjà la progression : malgré la trêve, avertissaient-ils, Carlos Mario Jiménez, alias «Macaco», chef de l'aile la plus puissante d