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Libération

L'obstiné défenseur de l'indépendance libanaise

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Le directeur d'«Al-Nahar», qui ne mâchait pas ses mots, se savait sur la liste noire du régime syrien.
publié le 13 décembre 2005 à 4h56

Le 4 juin, Gibran Tuéni portait, de son journal jusqu'à la cathédrale orthodoxe de Beyrouth, le cercueil de son éditorialiste vedette, Samir Kassir, tué deux jours plus tôt dans l'explosion de sa voiture. Et c'est sa fille Neyla qui, d'une voix vacillante, rendit ensuite hommage au journaliste assassiné. C'était le premier meurtre d'un opposant antisyrien depuis le départ penaud de l'armée de Damas quelques semaines plus tôt. Le patron d'Al-Nahar avait alors prophétisé : «La bataille n'est pas finie. La Syrie veut revenir au Liban, elle tue pour montrer qu'elle n'a pas baissé les bras.» Imaginait-il qu'il serait à son tour victime de cette prédiction ­ que certains trouvaient exagérée ? «En tout cas, c'était une mort annoncée», répond l'éditorialiste Michaël Young, du quotidien en langue anglaise Daily Star.

Menaces de mort. Il savait qu'il était sur la «liste noire» du régime syrien, qui lui avait été communiquée par une source à la commission d'enquête des Nations unies. Il lisait aussi la presse syrienne qui, chaque jour, lance quasiment des menaces de mort contre les personnalités libanaises. C'est pour ces raisons qu'il était déjà venu se réfugier à l'automne, plusieurs semaines, dans la capitale française depuis laquelle il dirigeait son journal. Francophile déclaré, il était revenu récemment à Paris pour assister à la remise de la Légion d'honneur à son père Ghassan, ancien ministre libanais. Malgré les conseils de ses proches, il avait tenu à regagner Beyrouth dimanch