Son corps a été retrouvé au fond d'un ravin, parmi un amas de métal calciné. Gibran Tuéni, grand pourfendeur de la mainmise syrienne sur le Liban, a été tué hier dans un attentat. Son convoi traversait au petit matin la banlieue chrétienne de Mkallès, à l'entrée de Beyrouth, quand une voiture remplie de dynamite a explosé sur son passage. Sous l'effet du souffle, sa Range Rover blindée a été projetée à une centaine de mètres de la route. Trois autres membres de sa suite (son chauffeur, son garde du corps et un passager), sont morts et une trentaine de personnes ont été blessées.
Le directeur du grand quotidien libéral, Al-Nahar, se savait menacé. Il avait séjourné à Paris sur les conseils des services de sécurité, mais avait regagné Beyrouth malgré les risques encourus. Le meurtre de cette personnalité symbole a provoqué un immense émoi dans le pays et le reste du monde. Il intervient quelques heures avant la remise au Conseil de sécurité de l'ONU du dernier rapport d'enquête du procureur Detlev Mehlis sur un autre assassinat, celui de l'ancien premier ministre Rafic Hariri, en février dernier. Dans les deux cas, le régime syrien fait figure de principal suspect.
Explosif utilisé. D'un éditorial à l'autre, Gibran Tuéni plaidait sans relâche pour l'indépendance du Liban. Après l'assassinat d'Hariri, il avait été l'un des principaux ténors du «printemps de Beyrouth», ce grand sursaut populaire qui, de pair avec une forte pression internationale, avait contraint l'armée syrienne