Signés à Paris il y a dix ans, les accords de Dayton, conclus sous l'égide des Américains, mettaient fin à une guerre qui avait fait 200 000 morts en Bosnie-Herzégovine. Un anniversaire qui rappelle aux Européens à la fois leur tragique inaction d'alors et le rôle de premier plan qui leur revient aujourd'hui dans la pacification et la reconstruction des Balkans. «L'adhésion à l'Union européenne est la lueur à laquelle tentent de naviguer tous les pays de la région. Si cette lueur venait à vaciller, voire s'éteindre, il y a un risque très réel que les efforts de paix s'y effondrent un à un», souligne l'ex-Premier ministre suédois Carl Bildt, ancien envoyé spécial de l'ONU dans les Balkans (1). Depuis 1996, l'UE a versé une aide de quelque 8 milliards d'euros à l'ex-Yougoslavie. Et, en Bosnie, elle a déployé sa plus grosse mission militaire (6 500 hommes de l'Eurofor). Mais les Européens seront-ils à la hauteur des nouveaux défis qui s'annoncent ?
Dossiers explosifs. 2006 sera une année test, avec «trois rendez-vous particulièrement cruciaux pour l'avenir de la région : les négociations sur le statut final du Kosovo, le référendum sur l'indépendance du Monténégro (qui veut se séparer de la Serbie, ndlr) et la mise en oeuvre d'une nouvelle Constitution en Bosnie-Herzégovine», explique Jacques Rupnik, directeur de recherche au Ceri. Trois dossiers potentiellement explosifs, surtout celui de l'indépendance du Kosovo, décrit, à l'Elysée, comme «une grenade dégoupillée».
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