Professeur d'histoire des relations internationales à l'université Laval de Québec, Renéo Lukic est l'auteur de l'Agonie yougoslave, 1986-2003 : les Etats-Unis et l'Europe face aux guerres balkaniques (Presses de l'université Laval). Il tire les enseignements des accords de Dayton qui ont mis fin à la guerre.
Quels enseignements faut-il tirer des accords de Dayton ?
Commençons par ce qui est le plus positif : l'arrêt de la guerre en Bosnie-Herzégovine. Le coût humain de ce conflit est immense, à peu près 200 000 personnes ont péri. En ce sens, la paix était essentielle pour les Bosniaques. L'autre aspect positif concerne les frontières de cet Etat. Elles restent inchangées, telles qu'elles ont été reconnues en mai 1992 par la communauté internationale. La paix et l'intégrité territoriale sont deux acquis fondamentaux de Dayton. Maintenant, les modalités de cette paix sont autrement plus discutables, c'est-à-dire la division de la Bosnie-Herzégovine en deux entités : 51 % du territoire pour la Fédération croato-bosniaque et 49 % pour la République serbe, avec l'existence de facto d'une frontière intérieure.
Qui entérine la division ethnique.
Tout à fait. C'est un partage que l'on ne peut justifier, ni du point de vue de la population, ni du point de vue des rapports de forces militaires. C'est quand même un cadeau pour apaiser les Serbes.
Qu'est-ce qui n'a pas été réglé par les accords de Dayton ?
La question institutionnelle reste l'autre grande perdante de ces accords. Il est tou