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Libération

Mitrovica, pont entre deux haines au Kosovo

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Séparée entre Serbes et Albanais, la ville symbolise les tensions dans la province en attente d'un statut final.
publié le 15 décembre 2005 à 4h58

Mitrovica envoyé spécial

Des structures métalliques dessinent deux arches futuristes au-dessus des rambardes du pont. Menée tambour battant, cette rénovation se veut le symbole d'une future réconciliation. Le «pont Austerlitz» ­ comme l'ont baptisé les militaires français à leur arrivée, en juin 1999, au moment du retrait des forces serbes ­ relie les deux parties de Mitrovica, la grande ville industrielle du nord du Kosovo (130 000 habitants) toujours divisée entre Serbes et Albanais. Depuis juin, il n'y a plus de check-point et seule une guérite rappelle la présence de la Kfor, la force de l'Otan, qui maintient 16 000 hommes au Kosovo. «La liberté de circulation reste néanmoins théorique et il n'y a au mieux qu'une dizaine de passages par jour dans les deux sens», soupire Thierry Leprivey, colonel de la gendarmerie et responsable local de la Minuk, la police de l'ONU.

Aigle noir. Séparés par le cours boueux de l'Ibar, ce sont deux univers qui vivent dos à dos. Des deux côtés, ce sont les mêmes immeubles délabrés et les mêmes usines en train de rouiller. Mais au Nord, adossé à la Serbie, les 50 000 habitants paient en dinars yougoslaves, écrivent en cyrillique, roulent avec de vieilles plaques d'immatriculation yougoslaves et vivent comme dans un avant-poste assiégé. Au Sud, la monnaie est l'euro, l'aigle noir sur fond rouge des couleurs albanaises flotte partout et dans les cafés on rêve du moment où le sol kosovar «sera totalement libéré».

L'ouverture des négociations sur le