La Paz envoyé spécial
La Bolivie se réveillera-t-elle lundi coupée en deux, socialement, politiquement et géographiquement ? L'élection présidentielle de dimanche couplée aux législatives est censée mettre fin à plus de trois ans d'une crise parfois violente, puisqu'elle avait culminé en octobre 2003 avec des manifestations dont la répression avait fait entre 60 et 80 morts. Le pays le plus pauvre d'Amérique du Sud mais qui a découvert en 2000-2001 d'immenses réserves de gaz naturel a usé deux présidents en deux ans. L'un, Gonzalo Sánchez de Losada, a pris la fuite après la répression d'octobre 2003 et s'est, depuis, réfugié aux Etats-Unis. L'autre, Carlos Mesa, a préféré jeter l'éponge en juin, après la poursuite des tensions qui ont régulièrement paralysé un pays, devenu alors, selon lui, «ingouvernable» voire «au bord de la guerre civile». Enjeu de cette guerre : les ressources naturelles du pays et notamment les fameuses réserves de gaz naturel qui font enfin miroiter des promesses de développement et que le mouvement social, accompagné par le Mouvement vers le socialisme (MAS) d'Evo Morales, favori de l'élection, veut nationaliser (lire ci-dessus).
La possible victoire d'Evo Morales mettrait fin à des années de pouvoir des élites de La Paz, capitale politique, qui ont gouverné le pays de façon très centralisée, souvent corrompue, tout en laissant au bord du chemin de la croissance une majorité d'Indiens, quechuas, aymaras ou métis. Selon le recensement de 2001, le