La Paz envoyé spécial
C'est un pourfendeur systématique de «l'impérialisme», du «néolibéralisme» et des «multinationales», mais il reçoit la presse étrangère chaussé de Nike. Ses adversaires le voient en dangereux représentant de la gauche radicale latino-américaine. Fidel Castro à Cuba et son ami Hugo Chávez au Venezuela misent sur lui, mais Evo Morales a tout de même adouci son discours depuis la fondation de son parti, le Mouvement vers le socialisme (MAS). C'était il y a dix ans à peine, et le voilà aux portes du palais présidentiel bolivien, favori des sondages qui le créditent de 34 % des voix, 5 points devant le candidat de droite Jorge Quiroga, du mouvement Pouvoir démocratique et social (Podemos). Il deviendrait ainsi, à 46 ans, le premier président bolivien d'origine indienne, un des rares en Amérique du Sud au Pérou, Alejando Toledo s'est fait lui aussi élire, il y a cinq ans, en affirmant haut et fort son identité métisse.
Indien aymara, Evo Morales est issu d'une famille paysanne pauvre de l'Altiplano bolivien, ces hauts plateaux de l'Ouest quasi désertiques, battus par les vents à 4 000 mètres d'altitude, où la caillasse semble pousser plus vite que la pomme de terre, et où se concentre une grande partie de la misère andine. On raconte qu'enfant il travaillait à récupérer les écorces d'oranges que les passagers des bus jetaient par la fenêtre pour faire des infusions à sa famille.
«Feuille sacrée». Ce qui est certain, c'est qu'il devient ensuite leader du puissa