Ses amis lui ont recommandé de ne pas repasser par Minsk. Le Parlement vient d'adopter une loi punissant de prison les Biélorusses «qui discréditent le pouvoir à l'étranger». Anatoli Mikhaïlov, venu à Paris chercher des soutiens pour son université, n'a pourtant rien à se reprocher. Mais aux yeux de Minsk il est un dangereux opposant : il dirige l'Université européenne des sciences humaines (EHU), fermée par le président Alexandre Loukachenko et rouverte cette année à Vilnius, dans la Lituanie voisine. Et il s'exprime librement à l'Ouest.
Dernière dictature d'Europe. L'histoire de cette université, symbole de la résistance à Loukachenko, est révélatrice de la dérive autoritaire d'un régime devenu la dernière dictature d'Europe. Créée à Minsk en 1992, au lendemain de l'indépendance de cette ex-République soviétique, elle se fixe pour mission de former une nouvelle élite, apte à mener la transition à la démocratie. «Les sciences humaines avaient été laminées, souligne Mikhaïlov, spécialiste de philosophie allemande, nous n'avions pas les gens pour répondre aux défis d'une société post-totalitaire.»
Très vite l'université est un succès. Les fondations américaines de George Soros, du département d'Etat, la Mac Arthur Foundation assurent son existence financière. Mais surtout, alors que l'idéologie pèse dans les universités d'Etat, elle propose des formations de niveau européen. Quelle que soit leur discipline études européennes, droit international, philosophie politique, ge