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Libération

L'université de la résistance biélorusse exilée en Lituanie

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Interdite par Loukachenko, car trop européenne, l'EHU a repris à Vilnius.
publié le 17 décembre 2005 à 5h01

Ses amis lui ont recommandé de ne pas repasser par Minsk. Le Parlement vient d'adopter une loi punissant de prison les Biélorusses «qui discréditent le pouvoir à l'étranger». Anatoli Mikhaïlov, venu à Paris chercher des soutiens pour son université, n'a pourtant rien à se reprocher. Mais aux yeux de Minsk il est un dangereux opposant : il dirige l'Université européenne des sciences humaines (EHU), fermée par le président Alexandre Loukachenko et rouverte cette année à Vilnius, dans la Lituanie voisine. Et il s'exprime librement à l'Ouest.

Dernière dictature d'Europe. L'histoire de cette université, symbole de la résistance à Loukachenko, est révélatrice de la dérive autoritaire d'un régime devenu la dernière dictature d'Europe. Créée à Minsk en 1992, au lendemain de l'indépendance de cette ex-République soviétique, elle se fixe pour mission de former une nouvelle élite, apte à mener la transition à la démocratie. «Les sciences humaines avaient été laminées, souligne Mikhaïlov, spécialiste de philosophie allemande, nous n'avions pas les gens pour répondre aux défis d'une société post-totalitaire.»

Très vite l'université est un succès. Les fondations américaines ­ de George Soros, du département d'Etat, la Mac Arthur Foundation ­ assurent son existence financière. Mais surtout, alors que l'idéologie pèse dans les universités d'Etat, elle propose des formations de niveau européen. Quelle que soit leur discipline ­ études européennes, droit international, philosophie politique, ge