Bruxelles (UE) de notre correspondant
La scène est crépusculaire mais révélatrice des nouveaux rapports de force dans l'Union. Cela se passe vendredi soir à Bruxelles. Jacques Chirac descend rendre compte du déroulement du Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement. Le sommet n'est pas encore fini : il faudra attendre 2 heures 30 du matin pour que les 25 adoptent les «perspectives financières 2007-2013». Mais l'accord est proche, cela ne fait aucun doute.
A une question d'un journaliste qui l'interroge sur le «compromis» prometteur «présenté par Angela Merkel», la nouvelle chancelière allemande, le président de la République rectifie, agacé : «Il s'agit d'une proposition franco-allemande.»
Les journalistes éclatent de rire, sidérés par une telle contrevérité.
Seul horizon. Chirac est désarçonné, ne comprenant manifestement pas l'hilarité générale. Tout le monde sait qu'il n'est pas la vedette du sommet, lui dont le seul horizon est la défense de sa politique agricole commune (PAC). Ce n'est pas non plus le couple franco-allemand, à bout de souffle depuis le 29 mai et le non au référendum français. Non, la femme du sommet, c'est bien Angela Merkel (lire page 9).
De l'avis de l'ensemble des observateurs, la chancelière a sauvé le sommet en refusant le conflit frontal avec le Premier ministre britannique, Tony Blair, président en exercice de l'Union, se ménageant ainsi la position de médiatrice. C'est elle qui a concocté la proposition de compromis finalement approuvée, el